"Sarko m'a tuer" : les pressions et la peur des témoins

Publié le par Socialistes fonsorbais

http://www.ladepeche.fr/content/photo/biz/2011/09/01/201109011724_w350.jpg Claire Thibout, ex-comptable de Liliane Bettencourt, est l'un des acteurs clés du dossier. Elle avait accordé une interview à Médiapart, expliquant que l'homme de confiance de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, lui avait demandé « de retirer 150 000 € destinés à Éric Woerth pour le financement de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Là, je me suis dit que cette histoire prenait quand même des proportions considérables, avec l'évocation du nom de Sarkozy et de sa campagne électorale. » La comptable, qui s'est mise au vert à Fourques (Gard), reçoit le 7 septembre les policiers de la brigade financière venus spécialement de Paris. « Les policiers voulaient me faire dire que Médiapart était un journal de voyous. Alors je leur ai répondu que je n'avais pas formulé ma réponse aussi précisément que ça, que j'avais dit qu'il y avait des politiques qui venaient à la maison, parmi lesquels Sarkozy, et que je me doutais qu'ils devaient recevoir de l'argent. Concernant Sarkozy, je me souviens d'avoir précisé que je n'avais pas de preuve, mais qu'il pouvait avoir touché de l'argent. » « Les policiers n'étaient pas contents, ils voulaient que je leur dise que tout était faux. Ils subissaient eux-mêmes une incroyable pression. À chaque feuillet tapé, l'un des quatre policiers faxait le PV à sa hiérarchie et au parquet de Nanterre, qui rappelait pour faire changer tel ou tel mot.

[…] Quand j'ai entendu Nicolas Sarkozy faire allusion à moi à la télévision, j'ai ressenti un vertige. Je me suis dit : Je suis au cœur d'une affaire d'État, moi ! » « Ce qui m'a frappée dans le supplément d'information que j'ai conduit, c'est la peur des témoins », explique la juge Prévost-Desprez. « les témoins avaient peur de parler sur PV (procès-verbal) à propos de Nicolas Sarkozy. » « L'infirmière de Liliane Bettencourt, a confié à ma greffière, après son audition par moi : J'ai vu des remises d'espèces à Sarkozy, mais je ne pouvais pas le dire sur procès-verbal. Bref, ce procès représentait pour l'Élysée un risque majeur, il y avait 90 % de chances pour que ce soit déflagratoire. Il fallait me faire dessaisir, par tous les moyens. Il était impératif de me débarquer. »

Publié dans Lu dans la presse

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